Odile Decq, l'insaisissable

La rédaction
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Comment définir l'architecte française la plus atypique ? Pas facile, tant le personnage recèle de multiples facettes. A la fois généreuse, libre, sincère, directe, pudique... Odile Decq a accepté de se livrer à travers une interview façon "portrait chinois". L'occasion de mieux la cerner...
CL-Batiactu ©
Odile Decq est décidément sous les feux des projecteurs. Juste après avoir été élue créatrice de l'année lors du dernier salon maison&Objet, la plus "gothique" des architectes françaises s'est vue confier par le célèbre marché aux Puces Serpette-Paul Bert une carte blanche qu'elle a, sans surprise, transformé en carte noire.

Sa mission ? Chiner une centaine de pièces parmi les 400 antiquaires du marché pour créer un appartement à son image.

C'est dans ce cadre que nous l'avons rencontrée. Tout de noir vêtue, elle s'est volontiers prêtée au jeu du portrait chinois, nous révélant une facette de sa forte et riche personnalité. A lire en pages suivantes.
Découvrez également ses réalisations les plus emblématiques.

Les dates clés de son parcours 
Odile Decq a ouvert son agence d’architecture dès l’obtention de son diplôme en 1978 à la Villette, tout en poursuivant ses études à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris où elle obtiendra son D.E.S.S. d’urbanisme en 1979. La reconnaissance internationale arrive très tôt, dès 1990, à l’occasion de sa première grande commande: la Banque Populaire de l’Ouest à Rennes. On lui doit aussi le Musée d’Art Contemporain de la Ville de Rome, l’Information Center à Shanghai, le restaurant de l’Opéra Garnier, le FRAC Bretagne à Rennes et prochainement le siège de GL Events à Lyon.

Portrait chinois

Si vous étiez une couleur...

"Le noir, évidemment ! Je suis tombée dedans il y a longtemps, et comme c'est une drogue dure, je n'en suis pas sortie. Le rouge vient parfois travailler dedans car cela représente la vie d'une certaine façon. Mais le noir ne représente pas la mort pour moi, mais une autre lumière."

Si vous étiez une forme...

"Une forme un peu décalée, plutôt non régulière, et avec une partie courbe. Je ne saurais pas vous dire pourquoi."

Si vous étiez un objet...

"Un javelot (rires). Parce que c'est quelque chose qui est effilé, qui est fin et qui va vite. Et qui vise juste."

Si vous étiez un meuble...

"Un fauteuil. Qui a la fois tient le corps et permet de se relaxer."

Si vous étiez un bâtiment...

"Le prochain. Notamment celui que je fais à Lyon en ce moment. Tous ceux que j'ai conçus me ressemble, en fait. Donc, c'est le prochain, car je suis toujours tendue vers demain."

Si vous étiez une pièce de la maison...

"Je n'en ai pas une préférée. Un espace peut couvrir toutes les pièces de la maison. Aujourd'hui, l'idée de la maison, de l'habitat, c'est sa capacité à abriter les différentes fonctions de la vie de tous les jours, successivement, de façon nomade à l'intérieur de l'espace. Il faut que celui-ci puisse changer."

Si vous étiez un outil...

"Un couteau pliant. C'est quelque chose qu'on a sur soi, dans sa poche et qui peut servir en toutes circonstances."

Si vous étiez un matériau...

"Le verre, pour sa transparence, sa lumière, sa technicité, sa grande évolution et tout son potentiel."

Si vous étiez un élément de la nature...

"Le feu et l'eau. Pour leur énergie à tous les deux. Pour moi, ces éléments ne sont pas contradictoires."

Si vous étiez un végétal...

"Difficile question, car je n'aime pas trop la nature. Si, un arum noir, que j'ai mis en vase dans l'espace d'exposition des Puces."

Si vous étiez une ville...

"Londres, qui est exactement tout ce que n'a pas Paris. Ça a toujours été pour moi l'exact opposé de Paris. Londres, pour la lumière, l'air, l'odeur, la vivacité, l'énergie, l'inventivité, et une forme de liberté qui est canalisée d'une autre façon qu'à Paris. Ici, la liberté est canalisée dans des règles qui sont données par avance ; à Londres, elle va jusqu'à ce que vous interfériez sur quelqu'un. Cela veut dire qu'elle peut aller loin."

Si vous étiez un pays...

"La Méditerranée, qui n'est pas un pays ! Ou peut-être l'Ecosse ! Mon problème, c'est que je suis toujours double. L'Ecosse est une terre aux paysages et à la lumière magnifiques qui laisse place à des mouvements infinis ; la Méditerranée pour sa richesse de vie, sa capacité à abriter la vie des humains."

Si vous étiez une époque...

"Demain. Absolument."

Si vous étiez une tendance...

"Celle de demain, aussi. Toujours regarder devant soi, jamais derrière. Le présent est trop fugace."

Si vous étiez une philosophie...

"Albert Camus. J'ai toujours aimé cet auteur, qui est à la fois lucide sur le monde, inquiet du monde, et en même temps, il avançait. C'est cela qui est important aujourd'hui. Et en même temps, il n'avait pas d'espoir vain, mais avait toujours de l'espoir."

Voir ici depuis le site qui a publié cette interview la suite de l'article

Source: Carine Lauga (28/10/2013), Maison à part

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